Cinq aventuriers partent à la recherche du Puits des âmes de Pachacuti le dernier des Incas. Ce roman d'aventures va vous mener du port de Saint Domingue jusqu'au portes de l'enfer dans la jungle péruvienne dans un récit qui rend un hommage appuyé au Spielberg des années 80 et à la littérature épique du 19e siècle.
Voici un extrait du roman.
- «L'empire du soleil». C'est
l’un de vos livres, professeur ?
- Non. C'est l'œuvre d'un de
mes confrères. Le docteur Nojes. Il est mort d'un cancer foudroyant, il y a
deux ans à Lima. C'était le meilleur spécialiste des civilisations andines. Un
archéologue spécialiste des méthodes musclées qui s'était fait des ennemis dans
notre petit milieu, souvent trop timoré à l'idée de partir en expédition. Mais
viens t’asseoir David ! Je vais te fournir des pistes qui pourront te mener
vers ce que tu recherches.
Regarde cette carte. Elle
représente l'extension de l'empire inca. Il englobait la plupart des
territoires occidentaux de l’Amérique du sud sur lesquels s'étaient développées
les premières cultures indiennes de la côte océanique et des hautes terres. Cet
empire s'étendait, comme je te l'ai dit, sur 4 000 kilomètres, de l'Equateur, à
l'Argentine et au Chili, en passant par le Pérou et la Bolivie. Mon expédition
arriva à Lima en 1950, puis nous gagnâmes Cuzco par la route. Cela représentait
à peu près 600 kilomètres de routes carrossables. Après Cuzco, nous fûmes
obligés de continuer à pied. Notre objectif était une région dont nous
parlaient les indiens qui se situait à l'Est de Cuzco et à l'Ouest de Machu
Pichu, à une distance à peu près égale des deux sites, non loin de la rivière
Madre de Dios. Les incas nommaient cette région Antisuyu. Cela représentait
environ 120 kilomètres à parcourir dans des régions extrêmement chaudes,
inhospitalières et très humides.
Nous recherchions un site
découvert en 1450 par Pachacuti, le cinquième inca. Lors de cette campagne, qui
entrait dans le cadre de ses nombreuses conquêtes, l'inca s'enfonça dans la
forêt amazonienne avec ses guerriers montagnards et leurs lamas. Il voulait
gagner la grande vallée d'Urumba à l'Ouest de Cuzco. L'expédition s'égara dans
la jungle et se retrouva à peu près à 150 kilomètres de Cuzco dans un site
merveilleux en pleine forêt vierge, où, pour de mystérieuses raisons, il fit ériger
un temple au soleil.
Une légende indienne raconte
que Pachacuti et son armée parvinrent dans ce lieu après une marche épuisante à
travers les marécages. Ils découvrirent au milieu d'une clairière lumineuse un
puits entièrement façonné en or d'une profondeur incroyable. Toute l'armée
étancha sa soif avec l'eau du puits qui leur rendit inexplicablement leur force
et leur vigueur. Certains indiens ajoutèrent même que l'eau cicatrisa les
plaies des blessés et guérit les fièvres de nombreux guerriers.
Pachacuti but à son tour et
ressentit un extraordinaire apaisement. Sa vitalité redevint intacte
instantanément. Son visage rayonna sous la lumière. L'inca décida alors
d'ériger un temple au soleil qu'il recouvrirait d'or...
Depuis le 17ème siècle, de
nombreux aventuriers ont recherché ce temple et ce puits. En vain. Les
conquistadores envoyèrent expéditions sur expéditions. Mais la plupart ne
revinrent jamais. Les indiens massacrèrent la plupart des espagnols qui
s'aventuraient dans cette contrée. Comme s'ils voulaient garder ce puits à
l'abri des appétits cupides des européens.
- C'est donc bien le puits
d'or que vous recherchiez en 1950 ? Le Puits des âmes ? Demanda David, de plus
en plus exalté.
- Oui... Mais attends, j'ai
autre chose à te montrer, David. La statuette que tu as vu tout à l'heure n'est
pas le seul objet que nous avons ramené de notre expédition. Nous avions
découvert autre chose avant d'être attaqués par les indiens. "
Simon ouvrit un vieil album
en cuir jauni dans lequel pullulaient les photos d'œuvres d'art admirables
d'origine inca, maya, aztèque et mochica. Il posa son doigt sur une photo un
peu jaunie, mais dont on discernait bien les motifs. Elle représentait un
jaguar sculpté dans l'or, dont la gueule ouverte découvrait des canines acérées.
- "Ces canines
représentent les forces surnaturelles. Les terres occupées par les incas
regorgeaient d'or autrefois. L'or représentait pour eux la sueur du soleil. Ils
façonnaient toutes sortes d'objets en or. Depuis l'article rituel, jusqu'aux
hameçons pour la pêche. Lors de ma dernière expédition, nous eûmes juste le
temps de photographier ce jaguar qui était gravé sur un vaste mur de pierre.
Quelques secondes après, plusieurs de nos porteurs s'écroulaient, criblés de
flèches. Elles pleuvaient sur nous, comme lancées par des mains invisibles. Sur
dix explorateurs, seuls sept d'entre nous échappèrent au massacre. A notre
arrivée à Cuzco, nous n'étions plus que trois. Les quatre autres avaient été
terrassés par les fièvres, un de mes porteurs a même été mordu par un serpent,
sans que nous puissions intervenir. Il est mort en quelques minutes en poussant
des hurlements atroces. "
Simon se tut. Referma son
album. Un long silence suivit le récit du vieil homme qui resta figé le regard
posé sur la bibliothèque qui grouillait de livres d'archéologie écrits dans
divers langues : anglais, espagnol, français, allemand. Simon songea à cet
instant qu'il ne connaîtrait jamais le secret du jaguar, ni celui du Puits des
Ames, qu'il avait recherché pendant une partie de sa vie.
Il s'épongea le front qui
perlait de sueur avec un gros mouchoir blanc brodé, s'assit sur son Voltaire
marron, au cuir usé. Il observa David à la dérobée.
Le jeune étudiant était
embrasé par cette histoire. Cette ardeur, cette exaltation, Simon l'avait
ressenti avant chaque expédition. David brûlait d'en savoir davantage sur cette
expédition et sur ce lieu fabuleux : le Puits des Ames. Pourquoi Pachacuti
avait fait construire un temple en pleine jungle ? Pourquoi personne n'était
parvenu à le découvrir ? Pourquoi les indiens gardaient avec tant d'acharnement
ce puits d'or ? David était déterminé à partir en quête du Puits. Rien ne
pourrait plus l'en empêcher.
Guy Ros
L'auteur
Guy Ros est Docteur en sciences politiques, cinéphile et passionné
d’art précolombien. Il est auteur d’une thèse de doctorat puis de
50 ans de cinéma américain, préfacé par Henri Agel (2014). Rédacteur en chef, puis Directeur de publication de magazines pour les lycéens et étudiants pendant dix-huit ans ; il lance en 1997 une collection de livres universitaires et d’essais, Transfac éditions.
Il sera ensuite en charge des filiales presse, web et édition du groupe
L’Express-l’Etudiant.
Depuis 2005, il a réorienté sa carrière vers l’événementiel.
Pour le découvrir
http://www.amazon.fr/Le-Puits-%C3%82mes-Ros-Guy/dp/2342015828
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